Quel avenir pour nos stations d'altitude ?

Pour être tout à fait honnête, je n’avais jusqu’à peu, jamais entendu parlé de Rémi Engelbrecht…

Les algorithmes de Google, sans doute sensibles à mes séjours répétés au sein de cette belle station de l’Alpe d’Huez, ont toutefois jugé opportun il y a quelques jours de me mettre sur sa voie… C’est en effet à l’occasion d’un article publié par le Dauphiné Libéré (n’y voyez bien évidemment aucune orientation politique de ma part😁) témoignant de son intervention pour le compte de la commune d’Huez, à l’occasion d’une conférence interactive autour du thème “Vivre à l’Alpe d’Huez en 2050”, que j’ai découvert cette personne.

Rémi Engelbrecht est guide de haute montagne à l'ENSA de Chamonix depuis 1989, maître es science (biologie) et diplômé de l'ESSEC. Il dirige la société de conseil et de formation ALAIKA depuis 1995 et intervient comme professeur à Grenoble École de Management.

Un profil atypique, comme nous les apprécions chez (Un)Mute.

Un engagement pour un futur durable

Rémi Engelbrecht, dont le parcours diversifié en alpinisme, biologie et management apporte une perspective unique, est en effet récemment intervenu pour le compte de la station de l’Alpe d’Huez qui lui avait demandé de l’aider à imaginer la redirection écologique de son modèle. Face aux enjeux et notamment, les difficultés de la montagne quatre saison et l’impact climatique des déplacements des clients, le défi était de taille !

Comme certains d’entre vous le savent peut-être, la municipalité de cette commune fait l’objet depuis plusieurs années de fortes critiques concernant sa gestion de l’enjeu environnemental.

Ainsi, rappelons qu’à la suite d’un recours notamment initié par l'association France Nature Environnement Isère (FNEI), le PLU de la commune a été annulé par le Tribunal administratif de Grenoble le 15 février 2024. La juridiction a en effet estimé que les indications chiffrées contenues dans le projet d’aménagement et de développement durable et le rapport de présentation du plan local d'urbanisme étaient de nature à remettre sérieusement en cause le constat de la nécessité de créer de nouveaux lits touristiques. De plus, les juges administratifs ont noté dans leur décision qu’aucune hypothèse alternative visant à réhabiliter les près de 60 % de lits froids que comptent la commune n’était véritablement envisagée.

Il convient également de rappeler que pour la quatrième fois, la station a accueilli en mars dernier “Tomorrowland Winter”, le plus gros festival de musique électronique du monde. Pas moins de 22 000 festivaliers provenant du monde entier se sont retrouvés pendant une semaine sur des scènes perchées jusqu’à 2400 mètres d’altitude. Un événement décrié par plusieurs associations et collectifs, notamment pour son « bilan carbone outrancier » et les nuisances sonores et visuelles générées à quelques centaines de mètres du parc national des Écrins.

Il était donc temps d’agir pour la municipalité, d’autant que la Cour des comptes a rendu en février dernier un rapport alarmant intitulé “Les stations de montagne face au changement climatique”, dans lequel elle dresse le constat que “le modèle économique de ski français s’essouffle” et que “toutes les stations seront plus ou moins touchées à horizon de 2050”. Si quelques stations peuvent “espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance”, “celles situées au sud du massif des Alpes seront en revanche plus rapidement touchées que les autres.”

En conclusion, la Cour des comptes formule d’ailleurs certaines recommandations :

Les enjeux et défis

Lors de cette conférence, les participants ont abordé les défis majeurs : le dérèglement climatique, l’éco-anxiété, et la nécessité d’adaptation. Avec une limite pluie-neige susceptible de remonter de 1 500 à 2 000 mètres, il est aujourd’hui impératif de repenser le modèle économique et touristique de l’Alpe d’Huez. Le climat change, et les stratégies doivent évoluer en conséquence.

Des solutions innovantes et concrètes

Les premiers ateliers qui ont suivi l’information scientifique inaugurale ont permis d’identifier quelques premiers leviers de redirection :

• Atténuer les impacts environnementaux : En mettant en place de nouvelles formes de mobilité et en mutualisant les ressources. La question de privilégier les ascenseurs valléens a été posée pour diminuer l’accès des voitures vers les stations,

• S’adapter au changement climatique : En diversifiant les activités pour créer une montagne vivante toute l'année, offrant des expériences variées en dehors des saisons traditionnelles de ski.

• Régénérer la vie économique : En améliorant la qualité de vie et en facilitant la participation active des socioprofessionnels, qu'ils soient permanents ou saisonniers. A ce titre, l’idée a notamment émergé de faire de la station le sanctuaire des séminaires en montagne…

C’est un début… Une nouvelle conférence à laquelle nous espérons pouvoir participer est d’ores et déjà prévue mi-juin.

Vers les Premières Expérimentations

La feuille de route, actuellement en cours de formalisation, guidera les premières expérimentations dès la saison prochaine. Ces initiatives visent à créer un modèle de station de montagne qui non seulement survit mais prospère dans le contexte des changements climatiques et économiques.

Conclusion

Ce que nous montre cette démarche proactive, c’est que l’avenir des stations d’altitude dépend de notre capacité à anticiper, innover et coopérer. Face aux défis climatiques et économiques, une approche collective et innovante est essentielle.

En tant qu’acteurs du secteur immobilier et de l’environnement, nous avons sans nul doute un rôle clé à jouer dans cette transformation.

Si cet article sonne pour vous comme un avant gout et que vous souhaitez en savoir plus sur Rémi Engelbrecht et son action, n’hésitez pas à nous en faire part !